L’Institut Français de Yoga est une fédération ayant pour objet de promouvoir l’étude et la pratique du yoga sur l’ensemble du territoire français.
Notre lignée de yoga
Le yoga est universel, issu de l’expérience de nombreuses générations de yogi. Il nous a été transmis par T.K.V. Desikachar qui a été formé par son père le grand maître indien Tirumalai Krishnamāchārya, auprès duquel il a vécu, jusqu’à la mort de ce dernier en 1989.
T.K.V. Desikachar, profondément ancré dans cette tradition, l’a confrontée avec une grande finesse aux temps qui changent et a souvent incité ses élèves non-Indiens, dès les années 80, à trouver eux-mêmes comment la transmettre à leur tour dans leur propre pays et leur propre culture. L’enseignement oral qui caractérise cette transmission est, au demeurant, solidement appuyé sur le grand traité de base du yoga classique : le Yoga Sūtra de Patañjali.
Les professeurs de l’IFY sont formés à l’accompagnement de tous les publics, y compris des débutants ou des personnes sans activité physique ou sportive.
Ils mettent tout en œuvre pour tenir compte de vos besoins, de vos aspirations et de votre environnement. Ils veillent à respecter vos limites et vos capacités, tout en vous invitant à les respecter vous-même. Les techniques de travail sont choisies et combinées pour favoriser votre santé et votre équilibre. Postures, respirations et méditations sont ainsi proposées dans des séquences construites pour vous accompagner, étape par étape, vers une meilleure gestion de votre énergie et de vos potentiels. L’approfondissement de la relation à soi-même et la plus claire compréhension de ses besoins sont un facteur d’autonomie et de santé aux différents niveaux de l’être.
Historique
Le courant dans lequel s’inscrit l’Institut français de yoga a une histoire déjà longue. En 1982, des enseignants de yoga, après être allés étudier à Madras auprès de T.K.V. Desikachar et avoir goûté la force incomparable d’un enseignement cohérent, issu d’une longue tradition, décidèrent de fonder une fédération rattachée à cet enseignement. Cette fédération s’est initialement appelée : Fédération française de yoga viniyoga.
Ce mot, viniyoga, choisi par T.K.V. Desikachar, désigne le fait d’appliquer le yoga en fonction du contexte et des personnes particulières auxquelles il s’adresse ; il désigne aussi une progression intelligente et graduelle dans la mise en pratique et la transmission de ce vaste corpus qu’est le yoga.
Il se réfère à la formule célèbre de Nāthamuni, transmise par Krishnamāchārya :
« Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au yoga, mais le yoga qui doit être adapté à la personne. »
Rama Mohan Brahmāchārī
Tirumalai Krishnamāchārya fut l’élève du célèbre érudit Ganganatha Jhā et sur ses conseils, fit le long voyage jusqu’aux rives du lac Manasarovar, au pied du mont Kailash, au Tibet, sacré pour les hindous, les bouddhistes et les musulmans, pour étudier auprès de l’āchārya Rama Mohan Brahmāchārī, qui vivait dans une grotte avec sa famille.
Son enseignement fut à l’origine de la richesse des techniques posturales et respiratoires transmises plus tard par T. Krishnamāchārya, qui étudia pendant sept ans et demi auprès de lui les différents aspects du yoga ainsi que le Yoga Sūtra de Patañjali et les principes thérapeutiques ou cikitsa krama.
Dans les années 20
Il fut ensuite le professeur de yoga et le thérapeute du Mahārāja de Mysore. Il établit dans son palais, dans les années 20 la fameuse école – la Yoga Śālā – où se formèrent des personnes qui devinrent aussi connues dans le monde du yoga qu’Indra Devi, Pattabhi Jois et B.K.S. Iyengar. Ses propres fils Sri Bhashyam et T.K.V. Desikachar, alors enfants, y faisaient à l’occasion des démonstrations publiques de postures pour illustrer son enseignement. [1]
Au début des années 50, Tirumalai Krishnamāchārya s’en fut vivre à Madras, aujourd’hui Chennai. Son enseignement changea au fil des changements de la société, des nouvelles conditions de la vie moderne et des capacités physiques différentes qui en découlaient. Il préconisa la synchronisation du geste à la respiration dans le travail postural, selon les indications du Yoga Rahasya. [2]
La transmission directe
Desikachar – qui nous a quittés le 8 août 2016 – a vécu dans la maison familiale jusqu’à la mort de son père. Il devint rapidement lui-même un professeur de yoga respecté et fut le professeur de yoga de J. Krishnamurti. En 1976, il a fondé le Krishnamāchārya Yoga Mandiram (KYM). L’action thérapeutique du yoga y est privilégiée et il est reconnu en Inde par le ministère de la santé.
Desikachar était d’un monde où le devoir de transmission de ce qu’on a reçu est fondamental. Une tradition doit continuer à être représentée, au plus près de sa teneur originale. Les relations guru-disciple se prennent très au sérieux de part et d’autre, impliquant un engagement mutuel assez central dans une vie. De par sa sensibilité et son tempérament ouvert à l’autre, il a oscillé entre des positions fermes de maître traditionnel, le désir d’ouvrir des chemins de modernité et l’intérêt authentique porté à ses élèves.
Entre tradition et modernité
Considérant que lui-même ne comprendrait jamais suffisamment comment enseigner le yoga aux Occidentaux, il a sollicité avec confiance l’intervention active, créative et inventive de ses élèves, chacun dans sa singularité, pour apporter dans leurs pays l’éclairage qu’ils avaient reçu.
C’est cet esprit qui nous inspire encore aujourd’hui.
L’Institut Français de Yoga
Cela faisait déjà quelques années que le mouvement viniyoga était né et que les « pionniers » fréquentaient Madras assidûment (par ordre alphabétique) : Bernard Bouanchaud, Malek Daouk, Peter Hersnack, François Lorin, Laurence Maman, Claude Maréchal, Frans Moors, Michel Nicolas.
Revue « Viniyoga »
Sous l’impulsion de Claude Maréchal, la revue « Viniyoga » avait été fondée, à laquelle ils collaborèrent tous par l’écriture. Cette revue accompagna et soutint la naissance et le déploiement du mouvement viniyoga, de 1982 à 2010. Elle constitue un témoignage précieux pour le mouvement de yoga dans lequel s’inscrit l’IFY.
Tournant
L’année 2006 fut un tournant marqué par l’abandon du nom viniyoga. Cela se fit à la requête de Desikachar qui l’avait proposé vingt-cinq ans auparavant. Il craignait, après coup, que le mot viniyoga apposé à yoga soit limitatif : le yoga qu’il avait reçu de son père et qu’il nous avait transmis était la plus pure tradition du yoga, tel qu’elle figure dans le Yoga Sūtra de Patañjali, à la fois postural, énergétique et méditatif.
Les temps avaient changé. Fidèles à l’enseignement initial et nourris par lui, les pionniers de ces vingt-cinq années avaient transmis, expérimenté, recherché et créé au sein de la fédération. Ils avaient formé avec leurs anciens élèves devenus à leur tour formateurs le collège des formateurs où se partageaient désormais les savoir-faire et les recherches.
La fédération jusque là dénommée Fédération viniyoga France, puis Fédération française de yoga viniyoga a adopté une dénomination simple et relativement neutre : Institut français de yoga.
Fédération démocratique
Depuis le début T.K.V. Desikachar avait dit : « Je vous transmets le yoga mais c’est vous qui saurez comment le transmettre dans votre pays et votre culture. » La fédération est démocratique dans sa structure et au-delà de l’enseignement de professeur à élèves, l’échange entre pairs, horizontal et collaboratif l’anime d’un mouvement puissant. Le yoga, sa pratique et sa transmission, au niveau des formateurs comme des professeurs en région, devient un véritable laboratoire, étayé par un travail éditorial important (publications internes mais aussi indépendantes, faisant une large place aux travaux des formateurs de l’Institut).
Les moyens proposés par le yoga sont si subtils et si multiples, si étrangers à toute réduction rassurante à une « technique », qu’il nous est demandé à chaque instant de trouver dans son application des formes aussi nouvelles que le moment présent.
L’IFY fédère les formateurs et leurs élèves en formation, ainsi que les enseignants et leurs élèves, dans une recherche partagée qui est la garante d’un yoga véritablement vivant. Le texte du Yoga Sūtra de Patañjali nous relie. Son étude nourrit et questionne notre enseignement, en lien avec l’expérience sans cesse réitérée de la pratique sur le tapis.
Cursus des formations de professeurs de l’IFY
[1] Le film du réalisateur allemand Jan Schmidt Garre, « Le souffle des Dieux », avec beaucoup d’images d’archives, rend compte de ce yoga d’un autre temps (Jupiter Films, 2014)
[2] Le film de Sarah Dars (enseignante à l’école des hautes études de Paris et élève de T. Krishnamāchārya) « Cent ans de béatitude », évoque la deuxième partie de sa vie et immortalise la célébration gigantesque qui eût lieu en Inde pour fêter les 100 ans du maître, en 1988 (distributeur Āgamāt)