L’observation, l’écoute sont des spécificités du Yoga de l’IFY, inspiré de l’enseignement de T.K.V. Desikachar dont parle Martyn Neal, Formateur IFY, dans l’hommage qu’il lui a rendu en septembre 2016.
Dominique Adda, Formatrice IFY, nous donne sa vision de ce qu’est l’observation dans le yoga :
« L’observation devrait avoir une direction et être totale. Nous avons tendance à parler, à tort, sans que notre observation soit suffisamment étayée. De plus, nous pouvons blesser des personnes en pointant du doigt un problème que nous voyons, sans posséder une solution à proposer – que cela vienne d’un manque de temps ou toute autre raison d’ailleurs. Ainsi nous devrions être sûrs que notre observation soit suffisante et que nous disposions d’une solution à offrir avant de parler ». T.K.V. Desikachar 1981.
Ces quelques lignes de Desikachar nous ouvrent la porte d’entrée de l’observation respectueuse de la personne observée.
L’observation tient compte de différents facteurs : celui qui voit, le professeur – le processus de l’observation – la personne observée, et enfin les conséquences résultant de la relation. L’ensemble du Yoga Sūtra nous donne les directions qui permettent d’affiner ce processus qu’est l’observation ; nous nous appuierons seulement sur quelques aphorismes qui posent les bases de celle-ci lors d’une relation saine et solide entre un professeur et son élève.
Le professeur :
- Ouvert à son « état» physique, énergétique, et émotionnel du moment, il veillera à ce que celui-ci ne vienne pas occuper l’espace réservé à la relation. Prendre le temps d’être clair sur ce point lui permettra d’acquérir une certaine liberté pour être à l’écoute.
- Il est conscient de l’intérêt qu’il porte à son élève et réciproquement. Il installe une relation de confiance qu’il maintiendra dans la durée. Cette confiance est un socle solide pour qu’observateur et observé se sentent libres et se permettent d’être vrais.
- Il reste humble : l’élève porte en lui les solutions à sa souffrance. Le professeur l’aide seulement à ouvrir les portes afin de lever les obstacles pour un changement positif. L’observateur peut alors être à l’écoute avec recul et légèreté.
Le processus de l’observation :
Il est possible de le mettre en parallèle avec le processus menant vers la méditation. Ce processus prend du temps ; celui que l’on donne à l’autre pour qu’il s’exprime, par le corps, les paroles, les émotions…et celui que l’on se donne pour mieux le connaître, comprendre sa demande et être au plus près d’une solution possible.
Des va et vient entre l’observation directe, les déductions et les mémoires de ce qui nous a été dit, vont se relayer tout au long de l’entrevue pour permettre à notre mental de se rapprocher de l’élève.
La personne observée :
Elle est un « objet» selon le yoga. Mais c’est un objet vivant, qui a son histoire. Elle est prise dans son intégralité. L’observation ne la changera pas, mais c’est en prenant en compte toutes les dimensions de celle-ci, que l’observation s’affinera peu à peu. Apprécier tout le contexte de la personne permet de mieux en comprendre la demande et parfois d’en faire germer une autre, la cause ne se trouvant pas là où est le problème…
Les conséquences :
Une observation menée selon ces différents critères permet à la fois une relation dans laquelle observateur et observé se sentent vraiment concernés car la confiance en est la base. L’élève reçoit du professeur des réponses à sa mesure, et chacun reste libre. »
Dominique ADDA, Formatrice IFY – 2023