Les sons et le chant védique

Les sons et le chant védique sont l’une des spécificités du Yoga de l’IFY, inspiré de l’enseignement de T.K.V. Desikachar.

Elisabeth Rémy, Formatrice IFY, nous en dit davantage dans le texte ci-dessous :

 » SVĀDHYĀYA PRAVACANE CA…

Les sons et mantra sont associés depuis toujours à la pratique yogique, ne serait-ce que par le mot svādhyāya1 qui désigne entre autre la récitation et par la référence à la śruti, l’enseignement révélé des Veda, textes anciens de l’Inde évoquant la relation à l’univers, le dharma, la recherche de l’Absolu; sources foisonnantes des Upanishad et par la même du chant « védique ».  Patañjali propose en premier moyen d’apaiser le mental la répétition en conscience faite avec attention et intention2.  Il invitera aussi à méditer sur udāna vāyu3, l’énergie d’élévation, pour dépasser les obstacles.

Krishnamacharya, conscient de la pertinence du chant védique a permis contre vents et marées qu’il soit enseigné aux femmes et aux occidentaux. Une chance ! TKV Desikachar, honorant son père, créa  au Krishnamâcharya Yoga Mandiram une section spécifique – le Vedavani – consacré à l’enseignement des mantra sous l’égide de Menaka, son épouse et de Raddha, enseignante enthousiaste, que je  rencontrai, en 2001, lors de mon premier stage de chant à Chennai organisé par Frans et Simone Moors. Celle-ci avait créé en 1997 « Svâdhyâya », première école de chant védique en Europe. Tous oeuvrèrent de concert et aujourd’hui bon nombre de pratiquants profitent de cette « voie de méditation ».

J’ai découvert le chant védique à la fin des années 80 grâce à Simone et cette pratique me porte toujours autant. Elle se fait selon l’approche traditionnelle, d’abord shravana : écoute et répétition la plus fidèle possible pour apprendre le texte, puis manana : questionnement sur la signification et enfin l’intégration. A l’origine, la transmission passait de professeur à élève, mais maintenant elle existe aussi en groupe. L’approche reste la même en favorisant écoute, respect et expérience ; elle nécessite motivation et patience. 

Le chant védique est beaucoup utilisé au Krishnamācharya Yoga Mandiram en yoga thérapie – les différents sons et chants ayant des applications adaptées – et comme support méditatif. Outre les enseignements spirituels, ses effets physiques, respiratoires, psychiques et émotionnels sont nombreux, citons-en quelques-uns : allongement et gestion du souffle, tonification globale et vitalité, concentration et apaisement, capacité d’écoute, d’élocution (le sanskrit imposant une sacrée « gymnastique » !) et de communication. Il nous invite à être présent, à expérimenter la plénitude du silence, à entrer en nous-même, à avoir plus confiance et à partager des valeurs universelles.

Comme toute technique de yoga, ce chant se fonde sur une discipline régulière, sur une posture d’assise juste, sur un apprentissage progressif (des sons les plus simples dans les postures aux grandes upanishads), en respectant des règles précises4. Cette pratique est soutenue par une relation harmonieuse avec l’enseignant. Dépassés les premiers balbutiements, nous nous sentons à la fois calme et énergique, stable et léger, confiant en notre propre lumière… comme suggéré par le kriyā yoga.5

« La pratique coupera les rets de l’existence dans lesquels est prise l’âme, telle un oiseau migrateur » Hamsa Upanishad

¹ Yogasutrā II 1    Tapah-svādhyāya-îshvara-pranidhānāni kriyā-yogah

² YS I 27              Tasya vācakah pranavah et YS I,28 tad japah tad artha bhāvanam

³ YS, III 39           Udāna-jayāt-jala-panka-kanthaka-ādishu-asangah utkrāntih-ca

Udāna est un des cinq souffles vitaux situé dans la gorge et la tête, orienté vers le haut, il préside à l’expression orale, le redressement vertical, la croissance et l’élévation. Il est en lien avec la spiritualité. Sa maîtrise jayāt permet de se relever après une chute ou un échec ou de s’élever utkrāntih au-dessus des causes de souffrance.

4 Seconde leçon de la Taittirîya Upanishad shikshâ vallī : règles de la phonétique, à savoir respect varna / des sons de l’alphabet ; svara / des hauteurs de notes ; mātrā / de la durée des sons ; bala / de la puissance ou force des syllabes ;  sāma santāna / de la qualité  musicale, notamment par les pauses et liaison justes.

5 YS II, 44                  Svādhyāyāt-ishta-devatā-samprayogah « 

Élisabeth Rémy, Formatrice IFY – 2023