L’article ci-dessous est extrait de la revue « Pas à pas » éditée par l’association régionale IFY Poitou-Charentes et reproduit avec l’aimable autorisation de celle-ci.
« Le monde moderne dégrade notre vision.
Flexibilité de la vision de l’être humain
L’être humain peut voir de près comme de loin, de jour comme de nuit, même si sa perception se fait alors en noir et blanc (La nuit, tous les chats sont gris !) et sur la périphérie de l’œil. Sa vision est, en théorie, adaptée à la lumière issue du Soleil et à notre environnement terrestre. Ces principes étaient vrais jusqu’à l’avènement de notre société moderne.
De nos jours, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes. Les murs des cités – voire les écrans limitent l’horizon de leurs habitants. Notre œil est sous-utilisé, car nous nous servons peu de la vision de loin. Paradoxalement, l’organe de la vision est aussi sur-utilisé : nous vivons dans un monde essentiellement « audiovisuel » et nos yeux sont sollicités de manière permanente, aux dépens des autres sens. Certains consommateurs préfèrent des aliments de belle couleur et bien calibrés, au détriment de leur goût, de leur odeur ou de leur qualité. Ceci appauvrit l’imaginaire.
Si l’on ajoute la mauvaise alimentation, la pollution, le stress, voire le burnout, on comprend que notre vision se dégrade. En complément de la médecine moderne, certains cherchent maintenant d’autres techniques pour entretenir, voire améliorer, la qualité de leur vue, par exemple, au moyen du« yoga des yeux».
Intérêt du yoga des yeux
Le yoga des yeux est né de la convergence des recherches du Dr Bates, un ophtalmologiste américain du début du xx eme siècle, et du Dr Agarwal, un médecin indien. Le premier a eu l’intuition que la bonne santé des yeux dépendait de la bonne santé du corps en général. Il a aussi compris que les pratiques proposées aux patients pour améliorer leur vision devaient allier travail et relaxation des muscles oculaires. Le second, médecin de formation occidentale, s’est également formé aux techniques de la médecine indienne traditionnelle (ayurveda). Il a pris conscience de la connexion des travaux de Bates avec ceux de la médecine ayurvédique qui traite le patient dans sa globalité.
Ainsi, le yoga des yeux est d’abord et avant tout un ensemble d’habitudes de vie, dans lequel s’insère, bien évidemment, le yoga à proprement parler. Ces pratiques peuvent être regroupées autour de plusieurs thèmes :
- exercices de tonification et de relaxation des yeux, en complément de postures de yoga adaptées, pour favoriser la circulation de l’énergie dans le corps.
- techniques pour travailler sur le mental, par exemple le yoga nidra – une forme très ancienne de relaxation profonde – ou bien la méditation.
- techniques issues de la médecine ayurvédique, comme le choix de l’alimentation ou certains massages.
Circulation de l’énergie
La bonne circulation de l’énergie dans le corps est essentielle. Pour la favoriser, le yoga des yeux propose une gamme d’exercices spécifiques, mais aussi des pratiques de yoga adaptées au travail sur la vision.
Ces pratiques doivent être effectuées en alternance avec des exercices de relaxation. S’il est utile de favoriser la mobilité des yeux, il est, en effet, encore plus fondamental de les relaxer entre chaque exercice, par exemple, avec des exercices de palming.
Postures de yoga
La technique de base pour faciliter la circulation des énergies est, bien entendu, le yoga. Toute pratique – bien conçue et bien menée – ne peut qu’améliorer la santé et donc la vision. Pour le travail sur les yeux, à proprement parler, les pratiques insisteront sur le travail sur le socle, sur le haut du dos fortement mobilisé dans la vision et sur les yeux eux-mêmes.
Mental et vision
Au-delà des techniques basées sur le corporel, il est important de comprendre les enjeux relatifs au fait de voir. Il ne faut pas oublier que le principal ouvrage du Dr Agarwal est intitulé Mind and Vision (en français, Mental et Vision). L’ordre retenu est révélateur. Si l’œil est l’organe de la vision, le traitement de l’image est effectué dans certaines aires du cerveau, ce qui confère au mental une forte influence sur la vision.
Dans notre société actuelle, « voir » est considéré comme un automatisme : nous dirigeons notre regard vers un objet et nous le voyons, c’est aussi simple que cela ! L’œil voit, comme l’oreille entend ou le nez sent. L’analyse qu’en fait la philosophie indienne est beaucoup plus subtile et assez différente.
Ainsi, la vision peut être perturbée par une émotion : on apprend le décès d’un être cher ou une mauvaise nouvelle, et la vue baisse d’un coup. Certains pensent même que la nature des affections des yeux (myopie, hypermétropie, etc.) n’est pas sans rapport avec notre personnalité. En réalité, notre personnalité profonde, notre manière de voir le monde, la façon dont nous souhaitons nous inscrire sur cette terre influencent notre vue.
Le yoga nidra peut aider dans cette démarche, en amenant à un état situé aux frontières du rêve et de l’état éveillé. Il induit un état de relaxation qui, en général, améliore la qualité de la vue.
Techniques liées à l’ayurveda
L’alimentation est un aspect très important de l’ayurveda. Notre corps est avant tout construit par ce que nous mangeons. Par exemple, on peut expérimenter une baisse de vision en cas de problèmes hépatiques. De manière plus générale, les « toxines » produites par le corps transitent par le sang. L’œil étant très vascularisé, il peut se trouver affecté dans sa fonction visuelle.
Pour éliminer les toxines, il est possible de recourir à différents types de massage. Le plus efficace semble être le massage des pieds à l’aide d’un bol composé de cinq métaux.
En somme, il est possible de mettre en place des routines simples, ludiques et quotidiennes qui peuvent éviter ou, au moins, retarder la dégradation de sa vue. En tout état de cause, cette démarche – qui s’insère dans celle du yoga – permet d’améliorer son regard intérieur. »
Michel du MOUTIER, professeur IFY – 2022

