Le respect.

Le respect est l’une des spécificités du Yoga de l’IFY, inspiré de l’enseignement de T.K.V. Desikachar.

François Lorin, Formateur IFY, nous donne sa vision de ce qu’est le respect dans la pratique du yoga :

« Ce qui interpelle les enseignants et les pratiquants lors des rencontres avec plusieurs formateurs : certains élèves directs, d’autres indirects de Desikachar, c’est l’absence d’uniformité de leurs visions et applications pratiques du yoga. On pourrait imaginer que nous nous sommes permis d’errer, à partir d’un même enseignement, et de créer une nouvelle forme de yoga, s’écartant de l’enseignement d’origine. Or il n’en est rien.

La prise en compte des caractéristiques particulières de chacun de ses élèves est la démonstration non équivoque du respect de Desikachar pour leurs caractères, leurs capacités et leurs limitations. Ne pas nous mouler dans un yoga unique, voilà la marque de son intelligence. Loin des schémas répétitifs contraignants que l’on repère (pendant un certain temps du moins), chez les élèves de l’astāṅga yoga ou de B.K.S. Iyengar, on reconnaît les élèves de T.K.V. Desikachar à leur façon personnelle d’approcher pratiques et étude.

Nourris des mêmes principes, des mêmes approches posturales ou respiratoires, chacune et chacun les développe d’une façon unique. Ceci s’applique aussi à la compréhension et à la lecture du Yoga-sūtra et des autres textes de la tradition yoguique.

Toute tentative de « normaliser », voire de « codifier » les enseignements qu’il nous a transmis ne peut se faire qu’au risque de la perte du respect nécessaire, indispensable, des particularités de chacune et de chacun. Desikachar a fait preuve de cette qualité tout au long de sa vie, même lorsqu’il a été confronté aux ambitions de son dernier fils, Kaushtub. (Rappelons que le premier fils, ShriBushanam a été écarté du monde du yoga).

Cette capacité était-elle innée ? Je me souviens de la présence bienveillante et dépourvue de jugement de sa mère, sœur d’Iyengar. Transmission éducationnelle ? Génétique ? Ou bien, influence reçue du fait de sa proximité pendant plusieurs années avec Jiddu Krishnamurti, lequel ne cessa de proclamer que la vérité ne peut se trouver qu’en soi, chacun étant la source de sa propre lumière. Ou encore, influence des enseignements de sa lignée paternelle, Nathamuni, Ramanuja, le viśistādyvaita vedāta, lequel considère que puisque tout est l’expression du divin, toute relation, humaine, animale, végétale, doit être marquée du sceau de l’assentiment et du respect.

Inutiles conjectures, j’imagine que lui-même n’aurait pu répondre à ces questions. Nous sommes tissés de tant d’influences, faits de tant d’expériences qu’il n’est pas possible de retracer l’origine d’un comportement. Rappelons que T. Krishnamacharya a été ostracisé par ses pairs pour avoir enseigné le yoga aux mleccha (barbares) que nous sommes et, pire encore, le chant védique aux femmes ! Aucun respect pour la tradition mais compassion et respect pour l’être humain, quel que soit son sexe ou son origine.

T.K.V. Desikachar a fait preuve des mêmes qualités en encourageant ses élèves, certes à scander le Yoga-sūtra ou chanter le Veda mais aussi à revenir aux traditions de chant de leurs propres racines, chrétiennes avec le grégorien, islamique avec le dikr (la récitation des noms d’Allah), etc. Comme tout être humain, Desikachar avait ses faiblesses, mais c’est sans comparaison avec sa capacité à prendre soin et à prendre en compte les demandes et les besoins de tous, en parfaite santé ou en grande difficulté.

Qu’il en soit infiniment remercié et respecté. »

François Lorin, Formateur IFY – 2023