Nathalie Moulis, formatrice IFY, a introduit la journée des professeurs de l’IFYPACA par cette présentation de la yogathérapie, en la recontextualisant. Elle a accepté de publier ce texte pour qu’il soit accessible à toutes et tous.
Origine de la yogathérapie
Yoga et Santé – Le Yoga et la santé ont toujours coexisté et sont interdépendants. La pratique du Yoga est au service de notre santé – mais la bonne santé est au service de l’objectif ultime du Yoga, que l’on pourrait définir par « un état d’unité intérieure ».
C’est pour cela qu’à l’origine, le Yoga n’est pas une thérapie à proprement parler, ce n’est pas un système médical. Pourquoi ? Parce qu’il comprend toute l’évolution de l’individu dans sa globalité. Parce que le Yoga propose un chemin de transformation beaucoup plus vaste, dans lequel un état de bonne santé physique et mental ne pourra qu’être favorable à la poursuite de cet objectif ultime, qu’est la « réalisation du Soi ».
Notre grand sage Patañjali affirme dans le sūtra I, 30 que « la maladie est un des nombreux obstacles à l’état d’harmonie intérieure ».
Yoga et Ayurvéda – Le Yoga et l’Ayurvéda ont aussi toujours coexisté et leur origine commune remonte à la nuit des temps.
La pratique du Yoga encourage à purifier, à alléger nos différents véhicules physique, énergétique, psychologique par des exercices corporels, respiratoires, méditatifs et plus largement à équilibrer tout notre mode de vie ; et c’est également le point fort de l’Ayurvéda … Précisément l’Ayurvéda, médecine holistique, une des plus anciennes de l’humanité, définie souvent comme « la science de la longévité », propose un mode de vie sain, dont le Yoga est un outil privilégié.
C’est comme l’œuf et la poule… Qui est arrivé en premier ? Si les réponses divergent, en tout cas ces deux disciplines ont beaucoup de points communs :
- Origine védique et indienne commune ;
- Approche holistique de l’individu et de son bien-être ;
- Recherche d’un équilibre de vie, d’une hygiène physique, mentale et spirituelle ;
- La notion de Prāṇa, cette énergie vitale qui doit circuler partout de manière fluide,
- S’affranchir de la souffrance physique et psychologique ;
- Prendre pleinement en charge sa santé (devenir acteur et responsable de son état général) ;
- Chercher à identifier l’origine des éventuels symptômes ; etc.
Tradition en yogathérapie
T. Krishnamacharya, qui a vécu jusqu’à l’âge de 101 ans, était un maître d’Ayurvéda et un yoga thérapeute accompli. Après avoir étudié et pratiqué pendant huit ans auprès de son Maître dans l’Himalaya et après bien d’autres études à Bénarès, il fut sollicité par le Maharajah de Mysore pour s’occuper de sa santé défaillante. Comme les résultats furent très positifs, il enseigna longtemps aux jeunes du royaume. Puis un ministre le sollicita à Chennai et il y resta avec sa famille. C’est là que T.K.V. Desikachar apprit de son père et Maître tout l’aspect thérapeutique du Yoga, qu’il partagea ensuite à tous les élèves qui venaient à lui, pour des consultations, en cours individuels, car l’approche était tout à fait personnalisée. Parmi ses élèves, le Dr Natesan Candrasekaran (« Dr N.C. ») avait fait des études de médecine allopathique et cette double casquette lui permit d’assister régulièrement aux consultations du Professeur Desikachar qui entre temps avait créé le Mandiram (KYM) à Chennai. Le Dr N.C., yoga thérapeute, put ensuite prendre en charge tout le département « Yoga thérapie » et ceci durant une vingtaine d’années. Il diffuse aujourd’hui cet enseignement partout dans le monde aux professeurs de Yoga de cette lignée exigeante.
C’est au Mandiram que j’avais décidé, il y a une vingtaine d’années de suivre des cours individuels… sur le thème justement des cours individuels, car il n’y avait aucun formateur dans toute notre région avec qui je pouvais effectuer ce travail personnalisé. J’ai eu la chance d’avoir pour professeur particulier le Dr N.C. J’ai donc pu assister à une série de consultations qu’il donnait à un public indien très varié. Entre temps, j’avais sollicité Bernard Bouanchaud pour qu’il vienne de Paris animer un premier cycle de quatre ans de formation. Il en a fait deux d’affilée et j’ai beaucoup appris en l’assistant.
La yogathérapie aujourd’hui
Le Yoga est partout, enseigné dans presque toutes les structures, mais cet engouement à grande échelle risque de diluer sa richesse profonde, et le Yoga risque d’y perdre en qualité.
Nous avons la chance à l’IFY (Institut Français de Yoga) de maintenir avec l’UEY (Union Européenne de Yoga) un haut niveau de formation (500 h sur 4 ans).
Avec l’enseignement de Desikachar, notre tradition a deux points forts indéniables :
- L’adaptabilité de la pratique progressive (viniyoga) qui rend les bienfaits du Yoga accessibles à tous ;
- L’aspect thérapeutique des postures, des respirations et des intériorisations, car l’objectif principal est le mieux-être du pratiquant, sur tous les plans.
Lorsque ces deux points forts sont bien compris et appliqués, le professeur de Yoga remplit une bien belle mission au service de son prochain !
Nathalie MOULIS, formatrice IFY
Journée des professeurs IFYPACA, septembre 2024