La Yoga thérapie, ultime recours, effet de mode, science ?

Cet article de Martine Fritte, professeure IFY et yoga thérapeute inaugure une série d’articles consacrés à la yoga thérapie.

La yoga thérapie, une histoire de relation

La Yoga thérapie puise son savoir dans des bases ancestrales et se fonde sur certains principes du Yoga, dans la mesure d’abord où elle est chargée de s’adapter à l’individu.

S’il y a désordre ou maladie, la Yoga thérapie s’oriente vers le fait de chercher comment telle ou telle maladie interfère dans la vie d’un individu bien précis. Il ne s’agit pas de penser : « Cette personne a une sciatique, je vais lui donner cette posture et ça ira mieux ». Le Yoga thérapeute n’a au contraire aucune idée préconçue, il ne peut faire aucun diagnostic tant qu’il n’a pas vu la personne et interagi avec elle, même si le trouble dont elle souffre est bénin.

Il existe un grand nombre de livres qui font des liens spécifiques entre maladies, postures et techniques de respiration. Ces ouvrages ont une efficacité très limitée, car ils se basent sur des généralités – et souvent une nomenclature type de symptômes et de pathologies mis en regard de techniques de soin – et non sur un individu en particulier. La médecine de son côté se réfère à la science, l’anatomie, la physiologie, et consacre parfois peu de temps à la relation chaleureuse entre patient et médecin. En Yoga thérapie, le bagage scientifique, quoique plus léger, est bien sûr indispensable, mais surtout les yama (les principes qui gouvernent notre relation aux autres) sont représentés, de l’appel téléphonique pour la prise de rendez-vous jusqu’à la fin de la rencontre : la relation humaine est au centre de l’interaction entre le ou la yoga thérapeute et la personne qui sollicite son aide. Donner du confort à la personne et la rendre heureuse grâce une meilleure qualité de vie font partie des priorités du professeur accompagnant. De nombreuses personnes se mettent au Yoga en désespoir de cause, et en ayant épuisé toutes les possibilités thérapeutiques. Souvent même, si les désordres s’estompent avec d’autres solutions, ils réapparaissent de façon cyclique. La Yoga thérapie leur offre une autre dimension, celle d’être acteur de leur propre guérison par une pratique patiente et quotidienne. C’est un engagement que prend l’individu envers lui-même et le ou la yoga thérapeute. Toutefois, la Yoga thérapie coopère avec les praticiens allopathes et ne s’interpose pas dans les traitements de la médecine moderne, tout est complémentaire pourvu que cela bénéficie à la personne qui en a besoin.

La Yoga thérapie étudie l’individu dans sa globalité, de manière holistique c’est-à-dire sans diviser le corps en parties indépendantes du reste du corps et se concentre sur les effets de la pathologie sur une personne déterminée. Un individu souffrant d’un cancer de l’intestin n’aura pas les mêmes soucis qu’un autre individu qui souffre du même cancer. L’un pourra développer des problèmes digestifs, l’autre des troubles du sommeil, l’autre des problèmes relationnels, etc. De plus, l’un pourra être accablé, l’autre confiant et positif, l’aspect mental est aussi au cœur de la Yoga thérapie.

La Yoga thérapie analyse entre autres les forces, les faiblesses, les asymétries, le manque de mobilité, une altération des articulations, les blocages énergétiques du corps. Elle prend en compte l’ensemble de l’individu, sa façon de vivre, son alimentation, ses activités physiques, son travail, etc. pour cibler ce qui peut être disharmonieux et créer une anomalie de santé. Elle étudie le terrain de la personne, ses antécédents familiaux et travaille sur la prévention, notamment des facteurs aggravant le désordre physique et/ou psychique. Le ou la yoga thérapeute met en place des tests en douceur pour vérifier ce qui crée de la douleur et ce qui n’en crée pas afin d’éviter des mouvements inappropriés.

Comment évaluer l’impact de la Yoga thérapie sur un individu ? S’agit-il de quelque chose d’empirique ou de quelque chose qui peut être prouvé scientifiquement ?

À cela, T.K.V. Desikachar répondait que, dans certains cas, il peut s’agir de résultats statistiques, comme, par exemple, les données dont il disposait sur l’amélioration cardio-respiratoire chez les personnes souffrant de ce type de problème. Les personnes venues en consultation au KYM (à Chennai) suivaient un programme de yoga et à la fin du programme, certains changements étaient observés, ce qui indiquait que leur état s’était amélioré en termes chimiques ou scientifiques. Mais le plus important pour T.K.V. Desikachar était de savoir si la personne se sentait mieux après avoir suivi le programme. Il disait que l’amélioration subjective, c’est-à-dire la façon dont on « se sent dans sa peau », est aussi importante que l’amélioration documentée par un scientifique.

À suivre…