Nous avons été, en préambule, invités à observer cinq minutes de silence à la suite desquelles Pierre nous a dit qu’il espérait que les paroles qu’il s’apprêtait à prononcer vaudraient bien le silence qui précédait !
Sur ce, il a évoqué son passé à Madras auprès de Desikachar avec lequel il a eu le bonheur et le privilège d’étudier pendant plusieurs années. C’est avec lui qu’il découvre le Yoga Sutra, l’étudie, le chante, le répète jusqu’à le savoir par coeur.
Il nous rappelle que le yoga est une discipline unique aux enseignements multiples.
Les humains, nous dit-il, se sont toujours penchés sur l’analyse. Nous formons des phrases, nous utilisons des mots pour rendre compte de la réalité ce qui donne naissance aux innombrables fluctuations du mental, les « cittavrtti » qui forment des vagues successives incessantes que la pratique assidue nous encourage à diriger pour aller vers le centre de nous-mêmes. Il s’agit donc de calmer la pensée ce qui est évidemment très dur et peut expliquer, ajoute Pierre avec une pointe de sarcasme, l’utilisation de substances légales ou illégales !!!
Trêve de plaisanterie, le yoga n’échappe pas à cette démarche du « darsana » le miroir qui cherche à révéler celui qui voit, celui qui « est ».
Le Yoga Sutra est avant tout une transmission et son étude nous encourage à faire une synthèse comme nous l’indique le titre du premier chapitre. Le « Sam »de Samadhipadha signifie mettre ensemble, comme dans le préfixe grec « sun » qui donnera synthèse en Grec comme en latin. Nous mettons des éléments ensemble pour que cela tienne la route.
Pierre évoque aussi l’importance des vibrations du sanskrit et de la lettre « A » comme étant le premier son qui sort du silence (tous les enfants du monde commencent par ce son) les consonnes servant à mettre en relief les voyelles. Atha, Samadhi, Samyama, dhyana, Bhavana. Samadhi représantant la voie de la plénitude de l’ être.
C’est à travers la répétition, le chant, la psalmodie que l’on se familiarise avec les sutras de Patanjali et, à force de répétition, nous nous rapprochons du message derrière les mots.
Le yoga est un arbre aux multiples branches et les YS nous invitent à trouver l’équilibre de cette structure. Leur génie est « Pranayama » ou le controle du souffle (notons encore la force de la voyelle « A » dans ce mot) ce souffle qui fait le lien entre le mental et le corps et qui, dans un bel équilibre, est d’importance égale avec eux d’où les pétiodes de méditation qui servent à verifier cette harmonie.
Pour finir Pierre nous invite à chanter à plusieurs reprises « Atha yoganusasanam » et « maintenant commence la transmission » qui est le tout premier aphorisme du YS et qui, en partie encore dû au A, est un exercise de ventilation où le souffle nous mène vers l’intégration du corps et du mental, vers l’intelligence du coeur la seule vraiment précieuse ajoute Pierre.
La conférence s’est terminée comme elle avait débuté, par cinq minutes d’un beau silence dont elle avait toute la qualité !!
Dominique Moorsom fait à Lewes le 18 octobre 2025
Conférence de Pierre Alais
