Réflexions sur le concept de bhāvana en yoga

Ce texte a été préparé à l’intention du groupe d’élèves actuellement en troisième année de formation à l’enseignement du yoga au sein de la structure dont je suis responsable, IFY-CAY. Je vous le livre peu modifié, plutôt du style d’une prise de notes, occasion de revenir sur les notions théoriques qui me paraissent les plus importantes.

Après avoir abordé les définitions du dictionnaire et celles qui concernent ce concept dans diverses traditions proches de celle du yoga, je me centre sur le yogasūtra selon le même mode d’emploi : je propose en détail des traductions des sūtra mis en jeu et en donne un petit commentaire. Enfin je propose plus concrètement quelques orientations en relation avec la pratique du yoga.
La lecture attentive des textes et sūtra proposés permettra certainement de déduire une large palette d’applications.

I – DÉFINITIONS

Dans le bouddhisme

Bhāvanā (pali ; sanskrit, aussi bhāvana) signifie littéralement « développement » ou « cultiver » ou « produire » dans le sens de « l’appel à l’existence » ; « création mentale », « développement mental », « méditation », « contemplation » ou encore « pratique ».
Étymologie : dérive du mot bhāva qui signifie « devenir » ou « processus subjectif d’éveil d’états mentaux ».
C’est un concept important dans la praxis bouddhiste. Le mot bhāvana apparaît normalement en conjonction avec un autre mot formant une phrase composée telle que citta-bhāvana (le développement ou la culture du cœur/esprit) ou metta-bhāvana (le développement/ le fait de cultiver de la miséricorde). Lorsqu’il est utilisé tout seul, bhāvana signifie la contemplation et la « culture spirituelle » en général.

Pour expliquer le contexte culturel de l’emploi du terme par le Bouddha, Glenn Wallis met l’accent sur le sens de bhāvana comme « culture ». Il écrit qu’un agriculteur effectue le bhāvana quand il prépare le sol et plante une graine. Wallis infère l’intention du Bouddha avec le passage suivant : « J’imagine que lorsque Gautama, le Bouddha, a choisi ce mot pour parler de la méditation, il avait à l’esprit les fermes omniprésentes et les champs de son Inde natale. Contrairement à nos mots “méditation” ou “contemplation”, le terme de Gautama est moelleux, riche et verdoyant. Il sent la terre. La simplicité de son terme choisi suggère le naturel, la vie quotidienne, l’ordinaire. Le terme suggère également l’espoir : peu importe la faiblesse, qu’il soit ou puisse être endommagé, un champ peut toujours être cultivé – sans fin, enrichi, développé – pour produire une récolte favorable et nourrissante. »
Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Bhavana

Dans l’hindouisme

Dans le rituel hindou, l’officiant utilise des gestes de mains (mudrā) en association avec des mantra et une concentration mentale (bhāvana) sur l’acte sacré. On trouve ce terme dans plusieurs textes : le Mahābhārata, le Vedāntasāra, et des écrits de Shankaracharya. C’est également le nom d’une Upanishad mineure.

II – YOGASŪTRA

Six sūtra, répartis dans les quatre chapitres, comportent ce terme. Je propose de considérer en premier lieu deux sūtra du deuxième chapitre.

II, 33: vitarka-bādhane    pratipakṣa-bhāvanam
Si l’on est tourmenté par le doute, il convient de développer une attitude opposée.

Vitarka : ici (un peu différemment du vitarka du chapitre I, s’appliquant à samāpatti) : pensées indésirables ; doute.
Bādhane : racine bādh– : « torturer, tourmenter »  => tourment ; enfermement, limitation.
Pratipakṣa : préfixe prati, « contre » et pakṣa, « aile d’un oiseau, côté, flanc » : contre-thèse, contre-proposition, idée contraire ; opposé, différent.
Bhāvanam : fait d’apparaître, de se développer ; attitude psychique, état d’esprit.

Ce sūtra et le suivant concernent pratipakṣa-bhāvanam, attitude permettant de se défaire de l’emprise des pensées et pulsions dites indésirables, c’est-à-dire, dans le contexte de ces sūtra, contraires aux repères donnés par les yama et les niyama.
Selon Desikachar, pratipakṣa-bhāvanam recouvre l’idée de mettre son attention, sa réflexion et/ou son action, non seulement à l’opposé de ce qui engendre des troubles mais parfois simplement dans une autre direction. Parfois, il s’agira de contourner ce qui fait obstacle. En tout cas, on est appelé, littéralement, à changer de point de vue. Dans certains cas, on met son attention sur un objet tout à fait différent, pour « se changer les idées et s’apaiser ». A d’autres moments, on trouve le moyen de considérer le problème sous un autre angle et/ou de peser le pour et le contre.
Le commentaire de Vyāsa exprime de manière imagée et plutôt rude (le chien qui mange à nouveau ce qu’il vient de vomir…) l’effet qu’aurait le fait de se complaire dans le ressassement de pensées néfastes. Le simple dégoût que peut engendrer cette représentation peut constituer le bhāvana qui permettra de chercher d’autres directions.
La mise en application des bhāvana dans une pratique de yoga est fondée en bonne partie sur ce sūtra.

II, 34: vitarka hiṃsā-ādayaḥ   kṛta-kārita-anumoditāḥ  lobha-krodha-moha-pūrvakāḥ  mṛdu-mādhya-adhimātrāḥ   duhkha-ajñāna-ananta-phalāḥ    iti   pratipakṣa-bhāvanam
Les pensées et pulsions indésirables comme la violence, etc. peuvent être mises en action directement, ou bien déléguées, ou encore tolérées ; elles peuvent avoir comme sources l’avidité, la colère ou l’égarement ; elles peuvent être d’intensité faible, moyenne ou forte ; leurs effets, sans fin, sont la souffrance et l’ignorance; c’est pourquoi il est souhaitable de cultiver des points de vue opposés.

Vitarka : pensées indésirables ; doute.
Himsā : violence, agressivité, désir de faire du mal.
Ādayah : etc.
Kṛta : fait, accompli.
Kārita : provoqué, suscité, délégué.
Anumoditāh : approuvé, toléré, laissé faire, consenti (peut se dire, dans d’autres contextes,  d’une action qui a provoqué des félicitations).
Lobha : cupidité, avidité.
Krodha : colère.
Moha : illusion, égarement, voire folie ; charme (ici au sens magique du terme).
Pūrvakāh : précédé par, ayant pour cause.
Mṛdu : faible.
Mādhya : moyen, modéré.
Adhimātrāh : fort, intense.
Duhkha : la souffrance ; la douleur ; la misère intérieure.
A-jñāna : l’ignorance.
Ananta : sans fin, infini.
Phalāh : fruits, conséquences.
Iti : ainsi, par conséquent.
pratipakṣa-bhāvanam : attitude opposée.

De nouveau, Vyāsa, dans son commentaire, propose comme occasion fondamentale de développer un point de vue opposé la prise en considération des dures conséquences (souffrance et ignorance sans fin) qui résultent de la mise en jeu des pulsions violentes et autres.
Ce sūtra, détaillé, développe donc le précédent en donnant méthodiquement des repères à considérer à propos des pensées et pulsions liées à des états de trouble et/ou de doute : de quelle manière sont-elles mises en action ? quels fonctionnements psychiques en ont-ils suscité la manifestation ? quelle est leur intensité ? quelles en sont les conséquences ? quelle attitude adopter pour contrer ces répétitions et enchaînements de causes et d’effets ?

    Ces deux premiers sūtra sont placés dans le deuxième chapitre du texte de Patañjali, en un de ses secteurs les plus concrets. On vient de citer les cinq yama, puis les cinq niyama, références éthiques par rapport aux autres et par rapport à soi-même. On n’a pas encore détaillé ces dix références, mais Patañjali prend soin de placer ici le concept de bhāvana, comme moyen (ainsi que l’évoque T.K.V. Desikachar dans sa traduction du yogasūtra, aux Éditions du Rocher, épuisé) d’« examiner et réexaminer nos relations avec les autres […], [d’anticiper] ce que seraient les conséquences d’attitudes différentes à un moment donné et dans des circonstances données. Regarder avant de sauter […]. Mieux vaut prévenir que guérir ! ». Dans les temps perturbés – par la crise du coronavirus – où je reprends ce texte, une réflexion pourrait par exemple être menée sur la violence potentielle faite à autrui si l’on ne respecte pas les restrictions, consignes de protection, gestes-barrière…
Mais voici, au fil du texte, les autres sūtra apportant un éclairage sur ce terme :

I, 28 : tad-japas tad-artha-bhāvanam
On doit le répéter en méditant sur ce qu’il désigne (ou bien : sa répétition amène la représentation de ce qu’il désigne – cf M. Angot et J. Varenne).

Tad : de cela (du pranava).
Japa : répétition soutenue  d’une formule (ex : 108 fois dans un certain nombre de rituels).
Artha : ce terme est souvent traduit ici par « signification », avec une connotation d’utilité (voir commentaire ci-dessous).
Bhāvana : de la racine bhū, « devenir » : qui fait apparaître, qui détermine l’existence ; conception.
    Ce sūtra s’applique à l’intention qu’on associe à la récitation chantée, à commencer par celle du Om,  qui désigne īśvara – le « Seigneur des Yogis » –, la force intelligente qui dépasse les limitations des petits humains que nous sommes : le fait d’émettre et articuler la voix doit s’associer à une référence à l’objet évoqué, c’est ainsi que la parole trouve sa force et que son usage peut être orienté et créer des effets.
    Il est intéressant de confronter ces deux manières différentes de traduire ce sūtra : dans un cas c’est l’attention portée à ce que désigne ce qui est répété – conjuguée à la répétition elle-même – qui permet de mieux comprendre ce dont il s’agit ; dans l’autre cas, la répétition à elle seule permet peu à peu d’approcher la réalité sous-jacente.                                                                                      
    En effet, ce à quoi fait référence le mot « artha » (ou « vastu » dans le sūtra sur l’imagination) est trouvé à plusieurs reprises dans le yogasūtra, en association à deux autres mots : avec de petites variantes, il s’agit de artha (l’objet réel ; ici īśvara), śabda (le mot qui le désigne, le symbolise ; ici Om) et jñāna (les idées qui s’y associent et en organisent une connaissance, une représentation plus ou moins teintée d’imagination). On pourrait donc dire que le processus de répétition va au-delà de la perception de la signification du ou des mots prononcés, mais permet d’approcher le réel de ce qui est désigné. Le processus de répétition met au jour, dans la langue, autre chose qu’un pur fonctionnement de compréhension intellectuelle.

I, 33 : maitrī-karuṇā-muditā-upekṣāṇām   sukha-duḥkha-puṇya-apuṇya-viṣayāṇām    bhāvanātaḥ citta-prasādanam
On obtient un apaisement psychomental en cultivant une attitude intérieure d’amitié vis-à-vis des êtres heureux, de compassion vis-à-vis des êtres malheureux, de joie devant des actions visant le bien, de neutralité (équanimité et distance) vis-à-vis de comportements négatifs.
Maitrī : Amitié, bienveillance.
Karunā : Compassion, empathie.
Muditā : Gaîté, joie, contentement, enthousiasme, allégresse.
Upekṣā : Indifférence au sens de détachement (ne pas se laisser contaminer par…) ; équanimité, prise de distance, neutralité. « Garder la tête froide ». Pouvant impliquer d’agir, s’il le faut, pour contribuer à changer une situation injuste.
Sukha : Bien-être, bonheur, plaisir.
Duhkha : Mal-être, souffrance.
Punya : Pur, vertueux, visant le bien, bon, juste ; accordé (F. Lorin).
A-punya : Impur, vicieux, vil, malsain, malhonnête, négatif, injuste ; mal accordé (F. Lorin).
Viṣayā : Objets des sens, sphère d’expérience sensorielle…
Bhāvanātah : Bhāvanā : apparition, développement, évolution ; -tas : à partir de.
Citta : Organe psychomental.
Prasādana : Offrande, sérénité, clarté.
    Ce sūtra détaillé vient au début de la série des propositions faites par Patañjali pour les situations dans lesquelles le pratiquant de yoga est confronté à des obstacles. Il est placé en deuxième position, après celui qui donne l’orientation la plus générale dans ce type de situation : s’en tenir à une seule direction, de sorte que les obstacles « ne puissent pas prendre racine ». Vyāsa évoque l’idée que cela permet de « gagner un dharma blanc », ce qui fera écho dans le sūtra IV,7.
    Le commentaire de Desikachar à propos de ce sūtra est que ces attitudes sont d’abord pour nous des points de repère : devant telle ou telle personne, dans telle ou telle situation, dans quelles dispositions sommes-nous et à quel point nous sentons-nous proches ou éloignés de ces références relationnelles souhaitables selon Patañjali ? Le fait que nous nous en sentions éventuellement éloignés peut nous donner à réfléchir à propos des facteurs personnels, ou liés à la situation, qui nous amènent à nous éprouver autrement.
    Ce sūtra se retrouve quasiment tel quel dans les textes bouddhistes (cf la mère avec son enfant aux différents stades de sa croissance).
II, 2 : samādhi-bhāvanā-arthaḥ  kleśa-tanū-karaṇā-arthaś ca
(Le travail du yoga) a pour but de générer l’absorption complète, en même temps qu’il atténue les causes de souffrance.
Samādhi : « enstase », repos, état où la conscience est complètement recueillie sur elle-même ; fusion, contemplation, absorption complète.
Bhāvana-arthah : le mot « artha », présent deux fois dans ce sūtra, désigne le but, l’objectif vers lequel tend le travail du yoga ; « bhāvana » désigne le processus  d’apparition.
Kleśa : Facteur de souffrance, cause d’affliction, fauteur de trouble, tourment.
Tanū : atténué (cf le français « ténu »).
Karaṇā-arthah : Il a pour but (artha) de faire, rendre (karana)… tanū (atténué)
Ca : Et.    
Patañjali vient de commencer le deuxième chapitre en donnant les trois éléments du kriyā yoga, le yoga le plus quotidien, sous forme de discipline, de présence à soi, de tranquillité. Ce sūtra le suit directement.
Une des premières expériences qu’il évoque est que la concentration intense sur un objet, la présence intense à une situation vécue, tendent à mettre au second plan les processus internes qui entretiennent une perturbation psychique – ce qui fait bien le lien entre les deux parties de la phrase.
Vyāsa présente l’idée que les fauteurs de trouble peuvent même devenir, à la longue, comme des graines brûlées, à partir desquelles plus rien ne pourra se développer.

IV, 25. viśeṣa-darśinaḥ ātma-bhāva-bhāvanā-nivṛttiḥ
Celui qui trouve un point de vue différent cesse d’enquêter sur sa nature essentielle.

Viśeṣa : spécifique, différent, spécial (de vi-śiṣ : distinguer, placer au-dessus de).
Darśinaḥ : qui voit, qui regarde.
Ātman (masc) : âme, principe spirituel, essence.
Bhāva (masc) : fait de devenir, disposition, manière d’être, nature (de bhū : être, exister, produire).
Bhāvanā (fém) : action de susciter, de faire exister, de faire apparaître, de faire advenir, enquête.
Ni-vṛttiḥ (fém) : cessation.
    L’enquête dont il est question ici – et qui peut cesser de s’activer – s’accompagne d’un grand intérêt, voire d’une fascination, pour les questions existentielles, des plus fondamentales aux plus quotidiennes. A ce niveau du texte – presque à la fin du quatrième et dernier chapitre, les problématiques qui paraissaient essentielles deviennent sans importance : il s’agit simplement de vivre, d’être présent. Notons qu’ici le terme est au féminin.
    Le yogi a saisi que le mental multiforme est au service de la conscience. Du coup, les questions qu’il pouvait se poser à propos de sa nature essentielle disparaissent. Cela touche même au sentiment d’être une individualité séparée, sentiment qui n’a plus lieu d’être. Comme l’exprime Vyāsa, les questions suivantes n’ont plus cours – « Qui étais-je ? Comment étais-je ? Quelle est mon existence actuelle ? Comment est-elle ? Que deviendrons-nous ? Comment deviendrons-nous ? » – car elles ne sont qu’une « transformation multiforme du mental lui-même ».

 (YS, traduction Laurence Maman)

III – LE BHĀVANA EN YOGA         

    C’est le point de vue avec lequel on décide d’engager la séance de yoga. Voici une citation relevée sur internet, mille excuses à l’auteur dont je n’ai pas relevé le nom à temps : « Le bhāvana peut avoir différents supports : le souffle, les sensations dans une ou plusieurs parties du corps, l’ouverture d’une zone, l’ancrage, la légèreté, ou même une règle de comportement envers soi-même ou les autres (yama ou niyama), par exemple la notion de non-violence (ahimsa) ou de franchise (satya) ». Les postures, les techniques respiratoires et les temps d’introspection sont ingénieusement associés en suivant le bhāvana, ce qui ouvre aux élèves de nouvelles perspectives sur leur pratique. Il est très enrichissant de vivre une même posture à la lumière de bhāvana différents.

Nous allons voir au travers de quelques exemples les applications dans le travail postural, le prānāyāma et les assises méditatives : 

• Se changer les idées lorsqu’on est perturbé (cf pratipakṣa-bhāvanam)  
    Placer l’attention sur la respiration, en commençant par l’accepter perturbée puis en la conduisant peu à peu vers des qualités d’allongement et de finesse (EX – > IN et suspensions), en utilisant éventuellement des moyens tels que le son, en allant progressivement des techniques respiratoires les plus simples aux plus complexes.
    Suivre le chemin et les effets de la respiration dans le corps, les effets des mouvements et positions sur la respiration, l’effet sur l’état psychomental.

• Obtenir des effets par une attitude créatrice voire improvisatrice
    Utiliser la conscience des zones supports dans le corps, associées au mouvement de la respiration, pour en affiner les effets (IN du haut du dos jusqu’à la base du tronc, EX de la base du tronc jusqu’au haut du dos… ; utilisation des krama pour mettre l’attention sur telle ou telle zone du corps)…
    Faire appel à l’imagination : par des images qui conviennent à telle ou telle personne, faciliter l’obtention de qualités telles que : énergie, douceur, légèreté, vitalité, etc.

Cf 5e et dernier chapitre de la Hatha Yoga Pradīpikā, présent dans certains manuscrits :
 9 : Quelle que soit la région où se manifeste un tourment causé par la maladie, on doit avec son esprit contempler le vāyu présent dans cette région.
10 : Tout en méditant sur lui avec un esprit concentré, on doit remplir (la poitrine) par une inspiration, puis exécuter une expiration complète en y mettant tout son effort dans la limite de sa capacité.
11 : En exécutant l’expiration et l’inspiration de nombreuses fois, à maintes reprises, on doit faire sortir le vāyu qui se trouve là antérieurement comme on fait sortir de l’eau qui est dans l’oreille en y versant une autre eau.
18 : […] quel que soit le lieu affecté par la maladie, le yogin doit méditer sur le vāyu en cet endroit ;
19-20 : Ayant correctement rempli d’air sa poitrine par une inspiration, l’ayant retenu dans la mesure de ses forces, le yogin sagace doit le rejeter par les narines. Pendant l’expiration, comme la tortue (retire ses membres sous sa carapace), il doit par une contraction tirer vers soi, encore et encore.
(Traduction de Tara Michaël, Fayard).
• Cultiver une attitude intérieure allant vers la simplification et l’essentiel (samādhi-bhāvanā-arthaḥ, maitrī, etc.).

• Relativiser, se poser moins de questions (ātma-bhāva-bhāvanā-nivṛttiḥ)…

    Ainsi, la notion de bhāvana en yoga est d’abord importante dans son acception de pratipakṣa-bhāvanam, développement de la capacité à regarder les choses, les problèmes, les modes de pensée, etc., d’un autre point de vue. Cette attitude est extrêmement importante à chaque fois qu’on s’interroge sur les directions à prendre, en particulier lorsqu’elles ne sont pas évidentes. Au-delà, tout ce qu’on peut se représenter avec constance, dans le projet et les effets de continuer à être inspiré, est de l’ordre de cette belle et fructueuse conception.

Auteur:  MAMAN Laurence