Mon expérience de la méditation

Rester immobile. Se contenter d’être là, en silence, sans projet et sans désir… Je pratique la méditation pas à pas depuis plusieurs années, avec Marina Margherita pour guide.

J’ai commencé par cinq minutes d’assise, puis dix, puis quinze minutes, en me chronométrant. J’ai expérimenté, au fil du temps, divers supports: la lumière d’une  bougie, un objet de mon choix – en l’occurrence une poterie en forme de petit bol –, l’image d’une spirale dorée, la lecture à voix haute de la Bhagavad Gîtâ et des Upanishads. Je suis allée progressivement de l’un à l’autre. J’ai observé comment j’avançais ou non avec ces différents supports, en restant avec chacun d’entre eux pendant plusieurs mois. J’ai recherché ce qui pouvait favoriser le mieux en moi un état de concentration m’amenant vers la méditation. J’ai pris mon temps sur ce chemin.
A vrai dire, le retrait des sens et l’abandon des pensées que requiert la méditation, ainsi que l’acceptation du vide qui en découle, me font un peu peur. Quand je reconnais cette appréhension et que je réussis à l’accepter,  je la vois alors s’estomper et disparaître. J’y arrive à pas de fourmi. La méditation est un changement d’état qui peut inquiéter. C’est le mental qui panique. Le petit singe en moi fait du bruit, occupe toute la place afin de rester maître des lieux, quitte à semer le désordre pour ne pas perdre pied.
Faisant écho à cette agitation mentale que je cherche à calmer dans ma quête méditative, je repense à un rêve que j’ai fait à plusieurs reprises. Je suis dans un lieu que je ne connais pas, à l’étranger peut-être, et je me perds dans les rues. Légèrement anxieuse, je n’arrive pas à retrouver mon chemin. Sans  demander ma route à personne, je cherche à tâtons. Méditer, c’est la perte d’un état d’avant pour s’ouvrir et accéder à quelque chose de nouveau, un lieu intérieur où l’espace est silence. La méditation entraîne un changement de conscience. Elle donne accès à une instance stable et non changeante en nous, au Soi profond, le Purusha, observateur non changeant et impartial qui nous met en lien avec un monde au-delà de soi.

« Monte alors en moi un grand calme »

Depuis l’enfance, je vis des moments où je me sens intensément présente, dans un état d’expansion et de grande joie intérieure. Cela se passe, en particulier, quand je suis en voyage face à un grand paysage. Je me fonds alors dans l’ouverture de l’espace qui s’offre à moi  comme si je m’effaçais. Je me retrouve, par surprise, en communication directe avec quelque chose qui me dépasse et que j’accueille avec confiance. Monte alors en moi un grand calme. Je suis, sans l’avoir cherché, dans un état contemplatif. Je perçois mieux, en écrivant ces lignes, le besoin des ermites de toutes confessions qui s’isolent pendant des années et parfois toute une vie dans des lieux très reculés, le désert ou les montagnes. Installés dans une vie contemplative, ils sont ainsi détachés de tout, face à l’immensité et à la beauté du paysage.
Dans mon très lent parcours méditatif, je n’ai pas encore rencontré pleinement cet état d’abandon et de grande ouverture que j’éprouve face à la nature. Cependant j’avance de façon imperceptible. Je ne ressens plus aujourd’hui la nécessité d’un support de méditation, je ne l’ai pas décidé, ça s’est fait progressivement sans que je m’en aperçoive. C’est peut-être là un des multiples accès à la méditation. Accepter l’abandon d’un ordre préétabli d’actions menant à la méditation. Oublier petit à petit l’attente de résultats anticipés, voire fantasmés, issus de ces actions. Je peux alors me laisser surprendre sans crainte par la découverte d’un monde nouveau où intérieur et extérieur sont intimement liés.
Après le prânâyâma et le chant, je peux aujourd’hui m’installer une vingtaine de minutes dans l’immobilité et le silence. Le petit singe essaie encore parfois de gratter à la porte, souvent en vain. Il n’est plus le maître des lieux. Un pas, deux pas, trois pas, vers la méditation.

Photo : Tim Mossholder

Pratique méditative
« Je me sens reliée à l’espace qui m’entoure »

1. Commencer la pratique debout les pieds légèrement écartés, les bras le long du corps, observer le souffle sur 12 respirations. Puis poser les mains  l’une sur l’autre sur la zone du cœur, au centre de la poitrine :
 – sur l’inspiration lever les bras en V, par les côtés ; sur l’expiration, chanter  MÂ moyennement fort en ramenant les mains sur la zone du cœur X 6
Prendre  le temps de quelques respirations libres en laissant le son vibrer en soi

2. Prendre une assise confortable au sol ou sur une chaise, avec ou sans support sous le bassin ; sentir le dos s’étirer vers le haut sans effort. Poser les mains sur les genoux ou au creux des jambes. Les épaules se relâchent. Fermer les yeux.
– Poser  les mains l’une sur l’autre sur la poitrine et chanter doucement M  X 6
Puis prendre le temps de quelques respirations libres en laissant le son vibrer en soi,
– prânâyâma : viloma ujjayi  12 cycles
Inspirer par la narine gauche (en pinçant la narine droite), expirer par les deux narines et inspirer par la narine droite (en pinçant la narine gauche) et expirer par les deux narines
Quelques respirations libres
– Chanter MÂ intérieurement X 12
 Finir par quelques respirations libres en laissant le son vibrer en soi

3. Temps de méditation : « Je me sens reliée à l’espace qui m’entoure ».
Poser les mains sur la poitrine,  les genoux ou au creux des jambes. Les épaules se relâchent.
Vous pouvez vous chronométrer  pour un temps méditatif  de  5 à 10 minutes ou plus si vous le souhaitez.

Auteur:  GUERIN Anne