Le mirage du progrès

Pourquoi les citadins font-ils le choix de la condescendance plutôt que celui de la considération ?

Je croise beaucoup de monde lors de mes déplacements parisiens et rares sont ceux qui se sourient ou se parlent respectueusement. Nombreux sont ceux qui, au mieux, s’ignorent ou se bousculent sans s’excuser ou au pire s’insultent… Cette tension, exacerbée par la promiscuité dans les transports notamment, est palpable pour celui qui arrive de l’extérieur ou qui prend un peu de recul dans son quotidien.

Depuis quelque temps on nous parle du progrès de la 5G, censée révolutionner nos vies. Mais la 5G n’est absolument pas un progrès, c’est une simple évolution technique qui assouvira notre désir ardent de consommer toujours plus, toujours plus vite. Je ne vois pas là de progrès si ce n’est celui d’une aliénation consumériste.

Nous progressons vers plus de méconnaissance.

Tous ces écrans et cette frénésie de consommation, dont l’objectif est de remplir un vide existentiel, nous mènent vers plus de dispersion et moins de conscience de soi. La vie intérieure se fortifie du vide extérieur, nous dit Éric-Emmanuel Schmitt.
Pour sortir de cet écueil s’imposent à nous des choix et notamment celui de l’humanité. Assumer notre humanité plutôt que notre animalité pulsionnelle serait le changement promis par les commentateurs de l’après-confinement. Ce fameux lendemain que nous attendons tous comme un jour meilleur. Le seul progrès à faire est d’assumer fermement des choix :

• La considération plutôt que la condescendance. Considérer l’autre en tant qu’humain et non comme un ennemi.
• L’amitié plutôt que le rejet. Parfois un sourire peut changer notre journée.
• La confiance plutôt que la peur notamment dans cette période tellement étrange où la peur transpire partout entretenue par l’hystérie médiatique.
• La simplicité plutôt que la surconsommation. Moins mais mieux !

Mais ces choix demandent recul et réflexion. Saurons-nous le prendre ce recul alors que tout nous conduit vers toujours plus. Plus de biens, plus de datas, plus d’individualisme, plus de communautarisme… alors que ce qui nous relie tous et toutes au-delà de nos différences c’est notre humanité. Peut-être, cela vous paraitra teinté d’angélisme mais le soi-disant progrès qui veut nous vendre des réfrigérateurs ou des poubelles connectées n’est qu’une réponse pulsionnelle à l’angoisse de l’époque. Faisons les bons choix !

Auteur:  LE MASSON Philippe