La confiance : quel joli terme riche de significations et symboles. Issu du latin « confidentia » provenant du verbe « confidere », il désigne l’espérance ferme que l’on place en quelqu’un, en quelque chose. Une forme de foi que le sanskrit traduit par le vocable « sraddhâ ». Cette notion, pour ne pas dire cette qualité, est indispensable au pratiquant de yoga engagé sur la voie du samâdhi.
Expressions de la confiance
Au vu des expressions et locutions françaises y faisant référence, la confiance semble une notion primordiale dans la relation aux autres. Elle se mérite, se gagne, se donne, s’inspire et l’on perçoit -en filigrane- l’effort, la persévérance contenus dans ces termes avant de pouvoir avoir une confiance totale, absolue, aveugle….en évitant l’abus !
Qu’en est-il de la confiance en soi ? De l’assurance procurée par nos capacités, par notre valeur ? De notre foi en l’avenir ? La confiance peut aussi se perdre, nous manquer et on peut pécher par excès de confiance.
Avoir confiance en soi, c’est avant tout se connaître, c’est croire en son potentiel, se regarder avec bienveillance, s’accepter et créer sa sécurité intérieure. Ainsi, nous pouvons gérer les situations du quotidien, réagir et nous adapter aux changements « parinâma » (YSII-15).
Le yoga nous rappelle que le monde est changement. Tout bouge, rien n’est jamais figé, ni définitivement acquis. La vie est un mouvement perpétuel fait d’incertitudes et d’imprévus. Nous-mêmes sommes en mutation permanente, qu’il s’agisse de notre corps physique ou de notre état mental. « Le seul événement permanent, c’est le changement » dit Schopenhauer. Alors, notre confiance en nous, en la vie et celle que nous plaçons dans les autres sont autant de piliers nous permettant de tenir, de porter, d’avancer.
La notion de sraddhâ
Le Sutra I-20 indique que pour accéder à l’harmonie intérieure, le yogi doit cultiver certaines qualités que Patanjali énumère dans un ordre bien précis. La première – et indispensable – est la confiance « sraddhâ ». Une conviction inébranlable qui nourrit la vertu suivante : « virya », cette énergie, cette force intérieure qui permet de soulever des montagnes, de se relever après un échec tel le héros Virabhadrâsana .Encore convient-il de garder en mémoire « smrti » le but fixé, de cultiver l’étude, la connaissance afin de rester fidèle aux enseignements reçus. Telle est la voie de la pratique qui développe « Abhyâsa », l’effort, la fermeté. Comme le rappelle Desikachar : « Sraddhâ n’est pas construit sur la racine verbale DHA- qui veut dire poser, mais sur DHR- qui veut dire porter, tenir. C’est tenir quoi qu’il arrive. Ce qui fait qu’on tient même quand il y a difficultés ou échecs ». Cela demande effort, fermeté, volonté et confiance afin de donner le meilleur de soi-même dans la connaissance de ses limites.
Yoga en confiance
La confiance et la philosophie du yoga sont deux concepts étroitement liés qui peuvent avoir un impact profond sur notre bien-être, dans notre développement personnel. La confiance est un élément essentiel dans la pratique du yoga !
Tout d’abord, il s’agit de cultiver la confiance en soi par la pratique. Les postures, « âsana » engagent un dialogue subtil, continu entre notre corps, notre souffle et notre esprit. Par notre assiduité « abhyâsa » et le détachement de tout résultat « vairâgyâ » (YSI-12) l’action se fait dans le présent . Ainsi nous trouvons un équilibre, une stabilité qui vont ancrer la confiance en soi.
Le yoga nous enseigne également à avoir confiance dans les autres, à cultiver des relations harmonieuses avec autrui, à enraciner le premier membre « anga » du yoga : les « yama » (YSII 29-30). En pratiquant le yoga en groupe, nous partageons une expérience commune et développons un sentiment de communauté. Nous apprenons à nous soutenir mutuellement, à nous encourager et à nous inspirer les uns les autres. Nous apprenons surtout à avoir confiance en celui ou celle qui transmet et à rappeler cette sentence d’Epicure : « Ce n’est pas tant l’aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide. »
Peter Hersnack a écrit que « le doute est ce qui mange son propre support ». Le yoga nous enseigne à lâcher prise des attentes, des désirs et des peurs qui nous limitent. En développant une confiance profonde en nous-mêmes et vis à vis des autres, nous pouvons nous libérer des schémas de pensée négatifs, nous écarter du doute, gagner en fermeté, en stabilité pour vivre pleinement dans le moment présent.
Vous souhaitant une belle année de yoga empreinte de confiance !
Hélène P.