L’art du bonheur selon le Dalai Lama

Le Dalaï Lama est venu transmettre son enseignement à Toulouse en août 2011 et a tenu une conférence sur l’art du bonheur. On se rend compte que cet enseignement reste aujourd’hui Ô combien nécessaire, pertinent, universel et toujours aussi actuel comme un rappel à l’ordre. Le Courrier de Janvier 2012 nous livre les principaux messages de cette conférence.

Comment faire pour être heureux ?

 A cette question, le Dalaï Lama répond en quelques mots … et en 2 heures d’un enseignement simple et vivant, traduit sur la scène du Zénith par Mathieu Ricard.
Comment trouver le bonheur ? En ayant une discipline personnelle qui amène à se comporter en adéquation avec ses valeurs et à agir avec éthique. C’est-à-dire en prenant soin de l’autre, en se sentant concerné par le bien-être des autres et par leur situation.

Cela ne sous-entend pas de négliger son propre bien-être car chacun a autant le droit que les autres de trouver le bonheur et d’éviter la souffrance ! L’homme est un animal social et pour mener une vie heureuse il doit apprendre à se relier aux autres de manière positive et constructive. Le respect de l’autre est donc le fondement de la discipline personnelle. Notre existence repose sur l’affection. Nous serons en meilleure santé si nous sommes entourés de personnes positives. Inversement, un univers de stress provoque des conséquences négatives sur la santé. Il y a actuellement des échanges qui s’installent entre les moines et la science médicale. Des études démontrent qu’un esprit calme et libre de stress favorise une meilleure santé. De même, un patient qui suit un traitement médical a plus de chances de guérir s’il est moins anxieux. Un esprit calme est essentiel pour vivre en bonne santé. Comment le développer ? Qu’est-ce qui trouble notre calme intérieur ? Pourquoi éprouvons-nous parfois de la colère, de la haine ou de la peur ? Quand les autres prennent soin de nous, nous développons un sentiment de sécurité, de bien-être. Nous pouvons faire de même avec eux et construire notre vie avec sagesse. La clé du calme extérieur est d’avoir bon coeur, une bonté altruiste. En fonction de la qualité de notre monde intérieur, nous aurons un impact positif sur le monde extérieur

Le véritable bonheur vient de l’intérieur

 L’affection est un sentiment important. Nous avons la chance d’avoir eu une mère qui a planté en nous la graine de la compassion. C’est une chose que nous devons faire germer. On peut voir des différences importantes entre familles. Dans certaines, il règne une belle harmonie malgré le peu de moyens financiers. Dans d’autres, parfois très riches, il règne de l’animosité. Ce sont parfois des familles où les personnes sont éduquées mais s’il n’y a pas de bienveillance, elles ne seront pas heureuses. Le véritable bonheur vient de l’intérieur. Etre trop centré sur soi entraîne un sentiment d’insécurité et de méfiance par rapport aux autres et nous leur fermons les portes. En revanche, la compassion permet de créer une grande famille. L’harmonie avec les autres est possible si nous parvenons à rester simple et à être en confiance avec ceux qui nous entourent. Il est également important d’apprendre à se considérer comme un simple être humain et de prendre conscience que nous partageons la même humanité avec les autres. Pour le Dalaï Lama, il n’y a pas de différences entre parler à mille ou à une seule personne. Il est donc essentiel de s’ouvrir aux autres pour être heureux alors que le sentiment d’un moi exacerbé mène à la dépression et à l’insécurité. Il convient ainsi de s’exercer à apaiser son mental, en dépit des difficultés que nous rencontrons pour vivre en bonne santé.  

Promouvoir la coopération entre les hommes 

C’est également important de cultiver une vision ouverte et globale des choses pour notamment promouvoir la coopération dans l’ensemble de l’humanité. Nous devons développer des relations basées sur la confiance et l’honnêteté. Si nous restons englués dans l’égoïsme, ce ne sera pas possible pour nous de développer la confiance mutuelle et l’amitié. Pour développer la faculté de bienveillance, l’éducation a un rôle à jouer afin que cette valeur devienne universelle. Les problèmes récents en Angleterre, dans un pays qui est pourtant très calme  habituellement, démontrent des  lacunes dans l’éducation. Si les notions de non-violence, de paix et de dialogue étaient davantage développées, les personnes en grandissant pourraient appliquer des antidotes à ces comportements.  Nous avons tous une responsabilité pour œuvrer à la paix car elle ne va pas nous tomber dessus sans que nous ne fassions rien. Le XXème siècle a été particulièrement sanguinaire et nous devons tâcher de faire en sorte que le XXIème siècle soit le siècle du dialogue.  Devant les problèmes, il est urgent de s’asseoir face à face pour discuter.  En vue d’améliorer cette coopération entre les hommes, le  Dalaï Lama nous propose trois  pistes : accroître la valeur humaine  dans l’éducation, diminuer les  écarts entre les riches et les pauvres,  diminuer la corruption. Pour y arriver, il est essentiel d’avoir de la volonté et de la détermination qui ne seront possibles que si nous nous sentons concernés par le sort de l’humanité !

Texte proposé par Aurélie EAV extrait du Courrier de Janvier 2012