Les origines du yoga

Selon la tradition, dont le récit en Inde voisine souvent avec la légende, ce yoga remonte à une époque indéterminée mais fort ancienne, où un jeune homme  dénommé Nammālvār méditait dans le sud de l’Inde, dans le creux d’un tamarinier. De lui émanait une lumière extraordinaire visible de si loin qu’elle guidât les pas d’un vieil érudit qui recueillit son enseignement consignés en 4000 vers en langue tamoule. Ces vers et cette tradition furent ensuite colportés par la communauté spirituelle de moines errants appelés les Alvars[1]  à travers toute l’Inde.

Au IXe siècle, elle est menacée de disparaître à la suite de guerres et d’invasions. La tradition raconte qu’à cette époque un érudit musicien du nom de Nāthamuni – né en 823 après J-C – fut ravi par la beauté des chants de ces moines errants. Ceux-ci lui avouèrent ne plus connaître que 10 des 4000 vers de la tradition. Nāthamuni aurait alors appris ces vers et se serait mis en route vers le sud de l’Inde jusqu’au tamarinier. Là, récitant avec ferveur les 10 vers restants, il serait entré dans une profonde méditation, au cours de laquelle Nammālvār lui serait apparu et lui aurait restitué les 3990 vers perdus…

Nāthamuni[2] devînt un très grand maître et ajouta au traité revivifié deux autres textes dont le Yoga Rahasya : « Les secrets du yoga ».  Il y explique entre autres sujets comment adapter le yoga aux différents âges de la vie, l’importance du yoga pour les femmes, spécialement celles qui sont enceintes, ainsi que le rôle du yoga dans le processus de guérison. Mais le Yoga Rahasya fût perdu à son tour après la mort de Nāthamuni.[3]

En 1888 naît Tirumalai Krishnamāchārya. Déjà solidement formé par la plus haute école transmettant la  tradition de Nathāmuni et des Alvars, il fit à l’âge de 16 ans un rêve étrange dans lequel son ancêtre Nathāmuni lui demandait d’aller dans la petite ville du Tamilnadu où Nammālvār avait été découvert en méditation et où Nathāmuni lui-même, plusieurs siècles plus tard, avait retrouvé les versets perdus. Le jeune Krishnamāchārya entreprit donc un long voyage jusqu’au tamarinier, au pied duquel il s’endormit et reçu en rêve le texte perdu… Ainsi nous transmit-il à nouveau cette ancienne tradition du Yoga Rahasya.

[1] Alvar-s : mystiques « immergés » en Dieu

[2]  On lui attribue trois œuvres majeures : le Nyaya Tattva ; le Purusha Nimaya et le Yoga Rahasya. Il eût pour petit-fils Yamunāchārya, un des principaux tenants du visishtadvaïta

[3] Voir à ce propos « Le yoga du yogi – L’héritage de T. Krishṇamāchārya », édité aux éditions Āgamāt.